Biographie

Simone Signoret est une actrice et écrivaine française, née le à Wiesbaden (Allemagne) et morte le à Autheuil-Authouillet (Eure).

En 1959, elle reçoit le prix d'interprétation féminine du festival de Cannes pour son rôle dans le film Les Chemins de la haute ville. Pour ce rôle, lors de la 32e cérémonie des Oscars l'année suivante, elle est la deuxième actrice française récompensée de l'Oscar de la meilleure actrice, après Claudette Colbert, en 1935. En 1978, elle reçoit le César de la meilleure actrice pour son rôle dans le film La Vie devant soi, d'après le roman du même nom de Romain Gary.

Origines familiales

Simone Signoret naît deux ans et demi après la fin de la Première Guerre mondiale, le à Wiesbaden en Allemagne sous le nom d'état civil de « Henriette Charlotte Simonne Kaminker », : elle est la fille aînée d'André Kaminker (1888-1961), Français d'origine juive polonaise, alors fonctionnaire civil (juriste) en poste avec les troupes d'occupation française en Rhénanie, agent de service de restitution industrielle, futur traducteur et interprète de conférence de renom, et de Georgette Signoret (1896-1984),, une Française dont le père est un artiste peintre d'origine marseillaise.

La jeune Simonne Kaminker a ensuite deux frères, Alain (1930-1959) et Jean-Pierre (né en 1932).

Jeunesse et formation (1923-1940)

La famille s'installe à Paris en 1923.

Dans l'entre-deux-guerres, André Kaminker est — avec Jacques-Paul Bonjean — journaliste à la station de radio Le Poste parisien. En 1934, il effectue pour la radio française une traduction simultanée d’un discours d'Adolf Hitler prononcé à Nuremberg.

Simonne Kaminker fait des études secondaires classiques. Au lycée, elle est la condisciple et l'amie de Corinne Luchaire (1921-1950), qui arrête ses études dès la classe de troisième (vers 1936) et entame une carrière cinématographique.

Au début de la seconde guerre mondiale, Mme Kaminker et ses enfants se réfugient en Bretagne : en 1939-1940, Simone est élève au lycée de Vannes, où elle a pendant quelques mois Lucie Aubrac pour professeur d’histoire, de janvier à .

L'occupation et l'après-guerre (1940-1950)

En , André Kaminker rejoint la France libre à Londres ; il devient speaker, notamment sur Radio Brazzaville,.

De retour à Paris, Simonne Kaminker doit travailler pour aider sa mère. En , elle est engagée pour 1 400 F par mois, comme assistante de la secrétaire personnelle de Jean Luchaire — père de son amie Corinne Luchaire — un partisan sans réserve de la collaboration, directeur du journal Les Nouveaux Temps. Au printemps 1941, elle quitte Les Nouveaux Temps, décidée à faire du cinéma. Du fait de sa condition de demi-juive et sans la carte du COIC que délivrait la Propagandastaffel, elle commence, avec l'aide de Corinne Luchaire, par faire de la figuration au cinéma, notamment dans Prince charmant et Boléro de Jean Boyer, Les Visiteurs du soir de Marcel Carné, Adieu Léonard de Pierre Prévert. Elle choisit alors un nom de scène, en substituant à son nom patronymique celui de sa mère, Signoret, et en supprimant une lettre « n » à son prénom.

En 1943, elle rencontre le réalisateur Yves Allégret. Le naît leur fille Catherine Allégret. Ils se marient à Paris 7e le , mais en , sur un coup de foudre, elle le quitte pour un jeune chanteur découvert par Édith Piaf : Yves Montand, rencontré à Saint-Paul-de-Vence, qu'elle épouse le .

La carrière de comédienne de Simone Signoret est lancée en 1946 par le film Macadam, pour lequel elle obtient le prix Suzanne-Bianchetti de la révélation en 1947. Allégret offre à Simone Signoret ses premiers rôles importants, notamment dans Dédée d'Anvers en 1948 et Manèges en 1950.

Les années 1950

Mais c'est avec d'autres réalisateurs que Simone Signoret accède au rang de vedette, notamment dans Casque d'Or de Jacques Becker en 1952, Thérèse Raquin de Marcel Carné en 1953 et Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot en 1955.

En 1954 Signoret et Montand achètent une propriété à Autheuil-Authouillet, en Normandie. Cette demeure va devenir un haut lieu pour des rencontres artistiques et intellectuelles amicales. Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Serge Reggiani, Pierre Brasseur, Luis Buñuel, Jorge Semprún y séjournent régulièrement. Le couple affirme des idées de gauche et est bientôt catalogué comme « compagnon de route » du Parti communiste.

En 1954 le couple crée la version française des Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller dans une mise en scène de Raymond Rouleau, qui sera portée à l'écran trois ans plus tard (Les Sorcières de Salem), une œuvre qui dénonce le phénomène du maccarthysme. En 1956 ils jouent dans un film de Yannick Bellon, Un matin comme les autres, court métrage sur le problème de l'insalubrité des logements en banlieue. En 1957 Simone Signoret accompagne Yves Montand dans la tournée (triomphale) qu'il effectue dans les pays du bloc de l'Est. Mais ils reviennent déçus par la réalité des pays du « socialisme réel » et prennent dès lors des distances avec le parti, sans renier toutefois leurs convictions politiques.

Après avoir tourné en Angleterre Les Chemins de la haute ville sous la direction de Jack Clayton, Simone Signoret part aux États-Unis avec Yves Montand en 1959. Le couple fréquente alors Arthur Miller, qui vient d'épouser Marilyn Monroe. Cette dernière impose Montand à ses côtés dans le film Le Milliardaire (1960) qu'elle s'apprête à tourner avec George Cukor.

Le Simone Signoret reçoit l'Oscar de la meilleure actrice pour sa prestation dans Les Chemins de la haute ville, devenant la première actrice française à recevoir ce prix, puis elle rentre en France tandis qu'une idylle naît entre Yves Montand et Marilyn Monroe. Cette relation prend fin lorsqu'elle est dévoilée par la presse américaine. Il rejoint cependant son épouse après la promotion du film. Lorsque, des années plus tard, un journaliste évoquera avec Simone Signoret la liaison entre son mari et l'actrice américaine, elle répondra qu'elle regrettait simplement que Marilyn Monroe (morte en 1962) n'ait jamais su qu'elle ne lui en avait pas voulu.

En elle signe la « Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie », dite Manifeste des 121.

Les années 1960 et 1970

Dans les années 1970, Simone Signoret incarne de nombreux rôles, parfois politiques comme dans L'Aveu de Costa-Gavras en 1970, où Montand incarne le rôle principal, et toujours dramatiques : en 1969 L'Armée des ombres de Jean-Pierre Melville ; en 1971 Le Chat avec Jean Gabin et La Veuve Couderc avec Alain Delon, tous deux de Pierre Granier-Deferre ; en 1973 Les Granges brûlées de Jean Chapot et Alain Delon. Elle tourne également avec la nouvelle génération de réalisateurs, notamment Patrice Chéreau dans La Chair de l'orchidée en 1975 et dans Judith Therpauve en 1978, et Alain Corneau dans Police Python 357 en 1976 (où Montand incarne également le rôle principal).

En 1978, son interprétation de Mme Rosa dans le film La Vie devant soi lui vaut le César de la meilleure actrice alors que le film remporte l'Oscar du meilleur film en langue étrangère. La même année, elle tourne pour la télévision dans la série Madame le juge.

Dernières années

À partir de 1981, la santé de Simone Signoret, qui a coutume de fumer et boire de l'alcool, se détériore sérieusement : elle subit une première opération de la vésicule biliaire, puis devient progressivement aveugle, atteinte de la cataracte, ne distinguant plus à terme que la silhouette des objets. Ses apparitions à l'écran deviennent rares. Elle tourne, entre autres, L'Étoile du Nord avec Pierre Granier-Deferre en 1982, ainsi que deux téléfilms avec Marcel Bluwal : Thérèse Humbert en 1983 et Music-hall en 1985. Une de ses dernières apparitions marquantes a lieu, quelques mois avant sa mort, dans l'émission 7 sur 7 où elle demande à la journaliste Anne Sinclair de présenter le logo de SOS Racisme qui comporte le slogan « Touche pas à mon pote ».

Atteinte d'un cancer du pancréas, elle subit une dernière intervention chirurgicale en et meurt dans sa propriété d'Autheuil le suivant, âgée de 64 ans. Elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise (division 44) ; Yves Montand la rejoint six ans plus tard, en .

Activité littéraire

Simone Signoret a publié :

  • une autobiographie en 1975, La nostalgie n'est plus ce qu'elle était ;
  • un autre récit autobiographique en 1979, Le lendemain, elle était souriante… ;
  • un roman en 1985, Adieu Volodia.

Vie privée

Simone Signoret a été mariée de 1948 à 1951 au réalisateur Yves Allégret dont elle a eu une fille, Catherine Allégret, puis, de 1951 à sa mort, à l'acteur et chanteur Yves Montand.

Sa fille Catherine Allégret est devenue comédienne ; son petit-fils Benjamin Castaldi et son arrière petit-fils Julien Castaldi sont devenus animateurs de télévision.

Cinéma

Longs métrages

Courts métrages

Télévision

  • 1966 : Bob Hope Presents the Chrysler Theatre : Une petite rébellion (A Small Rebellion) de Stuart Rosenberg (série) : Sara Lescault
  • 1970 : Un otage de Marcel Cravenne (téléfilm) : Meg
  • 1978 : Madame le juge, écrit par Raymond Thévenin, réalisé par Philippe Condroyer, Claude Barma, Claude Chabrol, Edouard Molinaro, Nadine Trintignant (série) : Élisabeth Massot
  • 1983 : Thérèse Humbert de Marcel Bluwal (série) : Thérèse Humbert
  • 1983 : Des terroristes à la retraite de Mosco Boucault (documentaire) : voix
  • 1986 : Music-Hall de Marcel Bluwal (téléfilm) : Yvonne Pierre
  • 1942 : Dieu est innocent de Lucien Fabre, mise en scène Marcel Herrand, théâtre des Mathurins
  • 1954 : Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, mise en scène Raymond Rouleau, théâtre Sarah-Bernhardt
  • 1962 : Les Petits Renards de Lillian Hellman, mise en scène Pierre Mondy, théâtre Sarah-Bernhardt
  • 1966 : Macbeth de Shakespeare, Royal Court Theatre Londres
  • La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, éditions du Seuil, Paris, 1976 (ISBN 2-02004-520-6).
  • Le lendemain, elle était souriante..., éditions du Seuil, Paris, 1979 (ISBN 9782020052580)
  • Adieu Volodia, Fayard, Paris, 1985 (ISBN 2-25303-956-X).

Récompenses

  • BAFTA 1953 : meilleure actrice étrangère pour Casque d'Or
  • Festival international du film de Karlovy Vary 1957 : meilleure actrice pour Les Sorcières de Salem
  • BAFTA 1958 : meilleure actrice étrangère pour Les Sorcières de Salem
  • National Board of Review 1959 : meilleure actrice pour Les Chemins de la haute ville
  • BAFTA 1959 : meilleure actrice étrangère pour Les Chemins de la haute ville
  • Jussis 1959 : meilleure actrice pour Les Chemins de la haute ville
  • Festival de Cannes 1959 : prix d'interprétation féminine pour Les Chemins de la haute ville
  • Oscars 1960 : meilleure actrice pour Les Chemins de la haute ville
  • Grand prix du Disque 1964 pour son monologue de La Voix Humaine de Jean Cocteau
  • Primetime Emmy Awards 1966 : meilleure actrice dans un téléfilm où une mini-série pour Bob Hope Presents the Chrysler Theatre, épisode « A Small Rebellion »
  • Berlinale 1971 : meilleure actrice pour Le Chat
  • César 1978 : meilleure actrice pour La Vie devant soi
  • David di Donatello 1978 : meilleure actrice pour La Vie devant soi

Nominations

  • Golden Globes 1960 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Les Chemins de la haute ville
  • BAFTA 1966 : meilleure actrice étrangère pour La Nef des fous
  • Golden Globes 1966 : meilleure actrice dans un film dramatique pour La Nef des fous
  • Oscars 1966 : meilleure actrice pour La Nef des fous
  • BAFTA 1968 : meilleure actrice étrangère pour MI5 demande protection
  • César 1983 : meilleure actrice pour L'Étoile du Nord

La chanteuse Nina Simone a choisi son pseudonyme en hommage à Simone Signoret après l'avoir vue dans Casque d'Or.

En France en 2023, on dénombre au moins cent soixante-deux odonymes portant le nom de l’actrice, notamment à Paris depuis 1998, la promenade Signoret-Montand, le long du bassin de la Villette (bassin qui relie le canal de l'Ourcq au canal Saint-Martin) dans le 19e arrondissement de Paris.

Serge Reggiani a rendu hommage à Simone Signoret et à son rôle dans le film Casque d'Or avec la chanson Un menuisier dansait (1973). Reggiani y tient aussi le rôle principal masculin.

En 1986, dans son album Ça fait rire les oiseaux, la Compagnie créole publie une chanson intitulée Simone.

Notes

Références

Bibliographie

  • Joëlle Monserrat, Simone Signoret, Paris, éditions PAC, 1983.
  • Catherine David, Simone Signoret ou la Mémoire partagée, Paris, Robert Laffont, 1990.
  • Catherine Allégret, Les Souvenirs et les regrets aussi..., Paris, éditions Fixot, 1994, 325 p. (ISBN 2-72428-175-6)
  • Jean-François Josselin, Simone, Paris, Grasset, 1995.
  • Huguette Bouchardeau, Simone Signoret : Biographie, Paris, Flammarion, 2005, 291 p. (ISBN 2-08068-749-2)
  • Emmanuelle Guilcher, Signoret : Une vie, Paris, éditions Privé, 2005.
  • Benjamin Castaldi, Dans les yeux de Simone, Paris, Albin Michel, 2010.
  • Agnès Michaux, Les Sentiments, Paris, J'ai lu, 2011. (ISBN 9782290036143)
  • Susan Hayward, Simone Signoret, une star engagée, trad. Samuel Bréan, Paris, L'Harmattan, 2013, 300 p. (ISBN 978-2-343-02002-0) (Édition originale : Susan Hayward, Simone Signoret: The Star as Cultural Sign, Londres-New York, Continuum, 2004)

Documentaires

  • Mémoires pour Simone Signoret, de Chris Marker, 1986, film hommage réalisé à la demande de Gilles Jacob après le décès de l'actrice et projeté au Festival de Cannes 1986. Commentaire dit par François Périer. (60 min)
  • Elle s'appelait Simone Signoret de Christian Lamet et Nicolas Maupied d'après une idée d'Emmanuelle Guilcher, coproduction Dream Way Productions/INA.
    Première diffusion le sur France 5, à l'occasion du 25e anniversaire de la mort de Simone Signoret. Avec la participation de Catherine Allégret, Guy Bedos, Benjamin Castaldi, Fanny Cottençon, France Roche et Anne Sinclair.
  • Simone Signoret, figure libre, de Michèle Dominici, 2020, Quark Productions / Arte France.

Liens externes

  • Ressources relatives à l'audiovisuel :
    • AllMovie
    • Allociné
    • César du cinéma
    • Ciné-Ressources
    • Filmportal
    • Filmweb.pl
    • IMDb
    • Korean Movie Database
    • Oscars du cinéma
    • Rotten Tomatoes
  • Ressources relatives à la musique :
    • Discogs
    • MusicBrainz
    • Muziekweb
  • Ressources relatives au spectacle :
    • Archives suisses des arts de la scène
    • Les Archives du spectacle
  • Ressource relative à la vie publique :
    • Documents diplomatiques suisses 1848-1975
  • Ressource relative aux beaux-arts :
    • National Portrait Gallery
  • Ressource relative à plusieurs domaines :
    • Radio France
  • Simone Signoret, sur le site de l'INA
  • Olivier Rajchman, « Simone Signoret: les combats d'une vie », L'Express, .
  • Guillemette Odicino, Les 100 ans de Simone Signoret, femme libre au cœur audacieux, Télérama, .
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Source : Article Simone SIGNORET de Wikipédia

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